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Souveraineté numérique et intelligence compétitive

Par Jennifer MontérémalMis à jour le 20 décembre 2022, publié initialement en novembre 2020

Toutes les entreprises ont des informations sensibles à protéger, telles que la stratégie de développement, les secrets de fabrication, les axes d’innovation, les informations de recherche et développement, les bases clients, les partenaires stratégiques, les fournisseurs, les cibles potentielles d’investissement, etc.

Toutes ces informations sont considérées confidentielles et hautement stratégiques. Elles doivent être absolument protégées, il en va de la survie des entreprises. 

La méthode de protection de ces informations s’appelle l’intelligence économique.

Thomas Binant, CEO et co-fondateur de Geotrend, s’exprime aujourd'hui sur le sujet. Il nous partage sa vision de l’intelligence compétitive, mise en perspective avec les enjeux relatifs à la souveraineté numérique.

Qu’est-ce que l’intelligence économique ?

Thomas Binant :

L’intelligence économique est un ensemble d’activités qui a pour but de développer la compétitivité de l’entreprise et d’en assurer sa sécurité. Il existe trois types d’activité :

  • la première est la veille stratégique, qui repose sur la collecte d’information de sources multiples, l’analyse stratégique de l’information puis de la diffusion de ces analyses aux décideurs de l’entreprise ;
  • la seconde est la protection : protection de l’entreprise et de ses salariés, du savoir-faire de l’entreprise, des plans de développement stratégique, etc. ;
  • la troisième composante est l’influence, être capable d’utiliser toutes les stratégies disponibles et légales qui vont permettre le développement de l’entreprise.

Parmi les principales figures françaises de l'intelligence économique française, on peut citer Henri Martre, Philippe Clerc et Christian Harbulot qui ont publié le rapport Intelligence économique et stratégie des entreprises sur l’intelligence économique en 1994. Considéré comme la pierre angulaire de la pensée française en matière d’intelligence stratégique, ce document appelle les entreprises à «s'informer, analyser, prévoir, organiser, établir des projets, des stratégies, lancer des actions, en un mot décider et décider sans cesse».

Pourquoi est-ce si stratégique pour l’entreprise ?

Thomas Binant :

Depuis plusieurs années, on constate que les entreprises européennes sont dans le viseur de la justice américaine. L’affaire Technip en 2010 (amende de 338 millions de dollars), Total en 2013 (amende de 398 millions de dollars), BNP Paribas en 2014 (condamné à payer 8,9 milliards de dollars) et bien d’autres….

Mais pour comprendre l’instrumentalisation des normes juridiques américaines, parlons de la célèbre affaire d’Alstom (dont la partie énergie a été vendue à General Electric) qui a débouché sur une amende de 772 millions de dollars.

Entre 2002 et 2009 Alstom, étant surveillé de très près par le FBI, a été inculpé pour des soupçons de corruption avec le gouvernement indonésien pour le projet Taharan. Alors que cette affaire était close depuis 2013, la DoJ (Department of Justice) américaine arrêta un haut dirigeant d’Alstom, F. Pierucci, en utilisant un lien de rattachement entre l’infraction et le territoire américain (monnaie de transaction qui était le dollar, messagerie américaine ou dont les serveurs sont situés aux États-Unis, par exemple). Il faut savoir que la DoJ peut intervenir, sous le couvert de la loi FCPA de 1977 (Foreign Corrupt Practices Act) et ainsi sanctionner les entreprises qui corrompent les agents publics étrangers.

Pour ne citer que les plus symboliques, ces affaires ont mis en évidence une instrumentalisation des normes juridiques américaines dans un contexte de guerre économique, où l’usage excessif des lois extraterritoriales et de l’ingérence économique font partie des règles de l’échiquier.

Quel rapport voyez-vous entre intelligence économique et souveraineté numérique ?

Thomas Binant :

Il faut savoir que la plupart des informations qui auraient permis d’identifier les faiblesses des entreprises citées ci-dessus seraient sauvegardées dans des serveurs américains.

Par ailleurs, savez-vous qu’une grande partie des personnes effectuent des recherches stratégiques avec des moteurs de recherche détenus par des puissances étrangères, à l’exemple de Google pour ne citer que lui ?

Le problème, c’est que l’usage de ces outils augmente fortement le risque de leur dévoiler votre stratégie !

Face à constat, que faire pour préserver les informations stratégiques ?

Thomas Binant :

Former les collaborateurs

Quand on parle de confidentialité, de sécurité, les salariés sont souvent le maillon le plus vulnérable de l’entreprise. C’est pourquoi, dans un premier temps, sensibiliser vos collaborateurs à l’intelligence économique au travers de formation me paraît indispensable.

Internaliser la réalisation des études stratégiques

Dans un second temps, internaliser ou réinternaliser la réalisation des études stratégiques me paraît être une bonne piste. Cette action permet de réduire le risque de fuite d’informations et ainsi de préserver le secret des affaires.

De plus, vous bénéficiez ainsi d’analystes bien qualifiés pour cette mission, car ils maîtrisent parfaitement les sujets d’intérêts de l’entreprise.

Utiliser des solutions françaises

Dans un troisième temps, le déploiement de solutions françaises de veille stratégique et d’intelligence économique, dotées d’un hébergement des données en France, serait un atout indéniable.

J’insiste bien sur la localisation en France, car elle permet de se prémunir face au Cloud Act (acronyme de Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act). En effet, ce dernier autorise les forces de l'ordre ou les agences de renseignement américaines à obtenir des opérateurs télécoms et des fournisseurs de services de Cloud Computing des informations stockées sur leurs serveurs... que ces données soient situées aux États-Unis ou à l’étranger !

L’usage de solutions françaises vous garantit donc la confidentialité de vos sujets de recherche, car elles se situent entre l’entreprise et les moteurs de recherche.

Par ailleurs, notons que l’intelligence économique n’est pas qu’une méthode défensive, mais permet aussi de gagner des nouvelles parts de marchés.

Grâce à l’utilisation d’outils de veille stratégique, les entreprises surveillent automatiquement les sujets d’intérêts et partagent ainsi les informations collectées destinées aux différentes parties prenantes, dont les décideurs. L’apparition de nouvelles solutions d’intelligence économique, tournées vers l’analyse incluant de la cartographie et de l’intelligence artificielle, permet aux cellules d’intelligence économique de décupler leurs capacités d’analyse grâce à de nouvelles grilles de lecture.
 

Thomas Binant est le cofondateur et CEO de Geotrend, une plateforme digitale d’intelligence économique dont les données sont hébergées en France.

Cette solution livre un premier niveau d’analyse grâce à la cartographie des écosystèmes, et permet de comprendre rapidement les environnements avec lesquels évoluent les entreprises.

Geotrend est d’ailleurs utilisée par la plupart des entreprises du CAC40, puisqu’elle garantit un très haut niveau de sécurité et de confidentialité de l’information.

Article sponsorisé. Les contributeurs experts sont des auteurs indépendants de la rédaction d’Appvizer. Leurs propos et positions leur sont personnels.

Actuellement Editorial Manager, Jennifer Montérémal a rejoint la team Appvizer en 2019. Depuis, elle met au service de l’entreprise son expertise en rédaction web, en copywriting ainsi qu’en optimisation SEO, avec en ligne de mire la satisfaction de ses lecteurs 😀 !

Médiéviste de formation, Jennifer a quelque peu délaissé les châteaux forts et autres manuscrits pour se découvrir une passion pour le marketing de contenu. Elle a retiré de ses études les compétences attendues d’une bonne copywriter : compréhension et analyse du sujet, restitution de l’information, avec une vraie maîtrise de la plume (sans systématiquement recourir à une certaine IA 🤫).

Une anecdote sur Jennifer ? Elle s’est distinguée chez Appvizer par ses aptitudes en karaoké et sa connaissance sans limites des nanars musicaux 🎤.

Jennifer Montérémal

Jennifer Montérémal, Editorial Manager, Appvizer

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