Le low code : développement low cost ou avenir de la programmation ?
Sommes-nous dans l’avenir de la programmation informatique ? Le low code, et son corollaire le no code, vont-ils remplacer les développeurs professionnels ? Sous ces questions provocatrices se trouve un réel enjeu technologique pour les entreprises, pas si nouveau : créer un logiciel sans programmer.
Dans sa dernière étude, Gartner prévoit une croissance de pas moins de 23 % de la part de développements low code en 2021. Ils estiment même que, d’ici 2024, 65 % des applications seront développées en low code.
Dans cet article, coécrit avec la participation d’Alain Lefebvre, informaticien de carrière et auteur de Vers l’informatique raisonnée, nous décortiquons les concepts du low code et du no code, leurs enjeux et avantages, et vous présentons des plateformes low code/no code pour lancer votre projet.
Qu’est-ce que le low code ?
Définition du low code
Que se cache-t-il réellement derrière le low code ? Sa traduction française l’indique clairement : « low code » signifie littéralement « peu de code ». Il s’agit donc d’une méthode de programmation avec très peu de développement manuel, peu de code à écrire. Pas besoin de connaissances informatiques pour créer une application !
L’objectif principal du low code est de mettre le développement d’applications à la portée de tout le monde, y compris les développeurs non professionnels, ou citizen developers, grâce à une plateforme de low code.
Low code, no code : quelles différences ?
Si on s’attache aux termes et à leurs traductions littérales, la nuance entre low code et no code est évidente pour certains, imperceptible pour d’autres. Pour résumer :
Méthode | Traduction | Utilisateurs cibles | Avantage |
Low code | Peu de code |
| Environnement de développement à part entière avec des scripts préprogrammés |
No code | Pas de code | Citizen developers, utilisateurs avec un besoin, mais sans connaissance informatique | Développement d’application sans jamais coder |
L’avis de notre expert Alain Lefebvre :
Il n’y a pas de distinction entre le low code et le no code ; ils font partie de la même vague dans l’histoire de l’informatique. Simplement, ils ne s’adressent pas aux mêmes cas d’usage. Le no code est idéal pour les power users, ces personnes qui, dans les organisations, ne sont pas informaticiens professionnels, mais ont un goût plus poussé que les utilisateurs « classiques » pour l’informatique et vont par exemple jouer avec des macros Excel. Le low code repousse souvent les développeurs professionnels, qui jugent que le code natif est inégalable en matière de performances de l’application. Mais pourtant, le low code a besoin d’une couche de développement professionnel pour aboutir à une application.
Enjeux et spécificités du low code
Une interface simplissime pour construire votre application sans code
Les plateformes low code et no code reposent sur un principe : la simplicité de prise en main et d’utilisation pour que même les plus novices se les approprient.
Leurs interfaces fonctionnent avec un système de blocs pour modéliser graphiquement votre logiciel ou application avec des Drag & drop (glisser-déposer).
- Choisissez les blocs dont vous avez besoin.
- Glissez-les et déposez-les sur votre espace de travail.
- Ajustez leurs positionnements pour obtenir l’interface recherchée.
Un développement économique
On parle tout d’abord d’une économie de moyens : ces blocs, modèles, widgets ou encore plugins sont tous réutilisables. Tout existe déjà, il n’y « qu’à » piocher dans une bibliothèque de possibles pour construire son application sur mesure… sans développement supplémentaire.
L’économie est donc, in fine, financière également.
La fin des développeurs professionnels ?
Low code ou no code ne signifie pas que les développeurs professionnels vont disparaître ou que la programmation sera entièrement automatisée. Tout comme le serverless n’a pas fait disparaître les serveurs, mais les a déplacés, le low code et le no code induisent, soit :
- un besoin de programmation en amont du développement de l’application, dans la plateforme de low code elle-même ;
- un développement léger pour améliorer une application.
Avantages du low code et du no code
1 — Développer plus vite
Avantage évident s’il en est : vous économisez des jours, des semaines, voire des mois de développement pour aboutir à une application opérationnelle qui répond à un besoin.
Dans le cas du low code, le travail des développeurs est réduit, mais cantonné à des tâches efficaces. Oubliez les heures perdues à chercher les bugs dans le code et concentrez-vous sur le développement de fonctionnalités importantes qui créent de la valeur pour vos utilisateurs.
Avec un outil no code, quelques heures peuvent suffire pour obtenir une application et répondre à un besoin précis.
🔍 D’après Redhat, des solutions low code/no code réduisent de 90 % le temps de développement.
2 — Tester une idée à moindres frais
Vous avez une idée, mais comment passer à une application concrète ? Le no code permet de ne pas rester bloqué par des limitations techniques quand on est entrepreneur (ou intrapreneur) et qu’on n’a pas de CTO ou de développeur sous la main pour lui donner vie.
En quelques heures, il est possible de monter une landing page, par exemple, pour lancer des tests sur un POC (Proof of Concept). Vous créez un MVP (produit minimum viable) et êtes en mesure de tester un marché avant d’engager trop d’efforts. Ensuite, vous enchaînez les itérations pour améliorer le produit en continu selon les résultats de votre test. C’est seulement là qu’il sera intéressant de faire appel à un développeur professionnel.
🦄 Ce n’est pas sans rappeler la success story de Comet, cette startup lancée uniquement sur une base de no code, qui a depuis 2016 multiplié les levées de fond.
3 — Réduire les coûts de développement
Conséquence logique des deux points précédents : si vous passez moins de temps à créer un logiciel sans code, vous réduisez mécaniquement vos coûts de développement. Un outil low code ou no code est facile à utiliser : vous réutilisez des blocs visuels préexistants et gagnez également du temps de formation à un outil.
🔍 Mendix indique dans une étude que 70 % des utilisateurs low code qui n’avaient aucune connaissance de ces outils les ont maîtrisés en moins d’un mois, et même 28 % en moins de deux semaines.
4 — Répondre à des besoins précis avec plus de flexibilité
L’une de vos équipes métiers a un besoin métier précis et sollicite votre équipe technique pour y répondre. Seulement, votre équipe technique a sa propre roadmap à tenir avec des développements plus « importants ». Quelle entreprise n’a jamais connu de tensions avec ce cas de figure ?
L’avis de notre expert Alain Lefebvre :
Mettez des applications no code dans les mains des utilisateurs ! C’est une formidable opportunité de réconcilier les développeurs professionnels et les équipes métiers. Au lieu de lutter contre les projets low code et no code en entreprise, identifiez des « gagnants » : ces power users qui vont construire leur propre application selon leurs besoins. Si le résultat est satisfaisant, ils n’auront pas à solliciter l’équipe IT. Cette dernière se concentre sur des projets plus ambitieux, évite l’incompréhension avec les métiers qui peuvent changer d’avis régulièrement : on gagne du temps et on limite les frictions !
👉 Exemple en vidéo : vous avez besoin de mettre en place la génération automatique de factures. C’est possible avec Airtable et Zapier :
5 — Soulager les DSI et équipes techniques
Nous l’avons vu ci-dessus, opter pour le low code, et a fortiori pour le no code, c’est la garantie de rationaliser le temps des équipes techniques.
🔍 Les citizen developers limiteraient de 80 % les demandes formulées aux équipes techniques (source : AppSheet).
L’avis de notre expert Alain Lefebvre :
Quand bien même une application no code serait imparfaite, il est tout à fait possible de faire appel aux programmateurs professionnels pour l’améliorer. L’application en question sert alors de cahier des charges, d’outil de dialogue entre les équipes métiers et techniques. Quoi qu’il en soit, le temps total consacré par les développeurs au projet sera bien moindre que s’ils étaient partis de zéro.
Quand l’utiliser ? Exemples de cas d’usage
Nous avons fait le tour de la théorie, mais qu’en est-il en pratique ?
L’avis de notre expert Alain Lefebvre :
Tous les cas d’usage sont possibles ! Il n’y a aucune contre-indication : les plateformes low code et no code peuvent être utilisées par tout le monde, tout le temps, sans compétence informatique nécessaire. Si le problème est simple, qu’on en définit les contours rapidement, alors le low code/no code est applicable dans tous les cas.
Pour illustrer nos propos, voici tout de même les use cases les plus courants (source : AIMultiple) :
- la collecte de données via des formulaires et la mise en forme de gisements de données (58 %),
- la création de processus et de workflows métiers dans d’autres applications (49 %),
- l’automatisation d’actions jusqu’alors réalisées par email ou dans des tableurs (42 %),
- la personnalisation de l’UI d’applications déjà implémentées et utilisées (22 %).
🔍 Par exemple, le low code/no code a permis à Schneider Electric de lancer 60 applications en 20 mois, dont la plupart en 10 semaines seulement.
Créer un logiciel sans programmer avec une plateforme de low code [comparatif]
À ce stade, vous devriez être convaincu des avantages d’une plateforme low code/no code pour créer ou développer votre projet. Qui sont les principaux acteurs du marché ? Nous vous en présentons 5.
Plateforme | Positionnement | Prix* | Support | Intégrations | Langues disponibles | Point perfectible |
Appian | Automatisation complète des workflows (BPM), applications low code orientées business pour maximiser les résultats commerciaux | À partir de 75 $/mois | Blog, communauté, service client email et téléphonique | Par API | FR, EN, IT, DE, ES | Pas de transparence sur les prix |
Bubble | Plateforme tout-en-un, facile à utiliser pour créer des applications web personnalisées | Offre freemium avec les fonctionnalités de base, puis à partir de 25 $/mois | Communauté d’utilisateurs, Academy, | Plugins Airtable, Figma, outils Google, Mailchimp, etc. | EN | Les paramètres responsive, pas d’API |
Mendix | Pur player du low code, automatisation des processus, intégration de l’IA, 2 interfaces pour 2 types d’utilisateurs (métier ou développeurs) | Offre freemium jusqu’à 10 utilisateurs, puis à partir de 50 €/mois | Communauté d’utilisateurs, documentation technique, support téléphonique (hors France) | Par API, marketplace de widgets | EN, DE, ZH | Temps de réponse |
Microsoft PowerApps | Mise sur la puissance des outils Microsoft pour développer des outils favorisant la productivité et l’innovation, personnalisation des applications, portails low code pour utilisateurs externes | À partir de 8,40 € /mois /utilisateur /application | Communauté d’utilisateurs, documentation technique, Support | Par API, connecteurs avec plus de 200 sources | Langues supportées par Microsoft | Pas d’offre freemium |
Webflow | Création d’applications très graphiques, des templates très poussés par métier (CMS, e-commerce) prêts à personnaliser | Offre freemium pour utilisateur unique, puis à partir de 12 $/mois | Support par email, forum d’utilisateurs, formations | Intégrations avec 750+ applications via Zapier | EN | Outil et support uniquement en anglais |
*Prix relevés en avril 2021 et susceptibles d’évoluer.
Les acteurs français ne sont pas en reste :
- Bonita, de Bonitasoft,
- Simplicité.
Le low code/no code, l’avenir de la programmation ?
Tout le monde n’est pas d’accord pour répondre à cette question par l’affirmative. Plusieurs procès sont faits au low code/no code : trop cher, pas assez qualitatif pour créer une application performante, pas assez performant, pas assez personnalisable… Les limites sont réelles :
Mais après tout, est-ce qu’un projet low code ou no code ne serait rien qu’un projet « comme un autre » ? Autrement dit, il vous revient de définir votre besoin précisément et d’établir votre cahier des charges avant de vous lancer.
- Trop cher, le low code ? Tout dépend de l’outil choisi et des fonctionnalités nécessaires, du temps que vous y passez et des besoins de développements professionnels par la suite. Établissez votre budget en amont et comparez les offres, pour décider si le low code est plus avantageux par rapport aux services d’un développeur professionnel.
- Pas assez personnalisable ? C’est un faux problème si on a recours au no code pour créer un MVP ou une landing page, tester et valider un marché. On peut ensuite aller plus loin avec le product market fit, et à ce moment-là faire appel à une équipe de développeurs pour personnaliser davantage l’application.
En bref, le low code et le no code offrent des possibilités infinies pour créer, innover et lancer des business dans des temps records. S’accordent-ils avec votre projet ?
Maëlys De Santis, Growth Managing Editor, a débuté chez Appvizer en 2017 en tant que Copywriter & Content Manager. Sa carrière chez Appvizer se distingue par son expertise approfondie en stratégie et marketing de contenu, ainsi qu'en optimisation SEO. Titulaire d'un Master en Communication Interculturelle et Traduction de l'ISIT, Maëlys a également étudié les langues et l'anglais à l'University of Surrey. Maëlys a partagé son expertise dans des publications telles que Le Point et Digital CMO. Elle contribue à l'organisation de l'événement SaaS mondial, B2B Rocks, où elle a participé à la keynote d'ouverture en 2023.
Une anecdote sur Maëlys ? Elle a une passion (pas si) secrète pour les chaussettes fantaisie, Noël, la pâtisserie et son chat Gary. 🐈⬛