

Si le logiciel libre et les communs numériques constituaient la meilleure piste à envisager pour reconquérir notre souveraineté numérique ? Tristan Nitot prend la parole sur le sujet.
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Le télétravail… l’essayer, c’est l’adopter ?
Jusqu’alors inconnu au bataillon pour de nombreux professionnels, le télétravail est devenu, en raison du contexte sanitaire, une nécessité. Mais si les mesures gouvernementales préconisent de généraliser la pratique tant que la crise persiste, force est de constater que beaucoup d’entreprises peinent à suivre strictement ces recommandations. Et pour cause, le premier confinement a permis de mettre en lumière les avantages du home office… mais aussi ses limites.
Toutefois, suite à ce télétravail imposé, nombre d’organisations ont été amenées à repenser leur façon d’appréhender leurs espaces de travail, leur transformation digitale et la manière de gérer leurs interactions professionnelles. La voie à plus de flexibilité semble donc ouverte et les anciennes normes paraissent se déliter petit à petit. Mais qu’en est-il réellement ?
Pour saisir cette nouvelle réalité et comprendre comment se dessine le monde du travail de demain, Appvizer a mené l’enquête auprès d’un panel de 348 répondants. Découvrez les résultats dans cet article !
À cette question, beaucoup penseront : « La faute à la Covid-19 ? ».
Pourtant, pour 55,7 % des répondants à l’enquête, le télétravail était déjà implanté partiellement dans leur entreprise. Et 12,3 % en bénéficiaient déjà à la même fréquence qu’à l’heure actuelle.
Le télétravail était déjà en place dans mon entreprise avant la crise sanitaire. Cela fait partie de la philosophie de son fondateur et de sa volonté à responsabiliser chaque salarié.
Si 62,9 % des professionnels interrogés ont donc instauré ou augmenté la régularité du home office à cause la crise sanitaire, les entreprises qui ont embrassé ce mode de fonctionnement plus précocement ou l’ont développé de leur propre volonté y ont décelé un certain nombre d’avantages.
En effet, pour 49,5 % des directions concernées, les enjeux majeurs se révèlent avant tout le bien-être des salariés, le gain de temps et la flexibilité. Cette volonté va de pair avec une idée qui s’ancre de plus en plus depuis des années dans le monde professionnel : œuvrer à ce qu’un employé se sente bien dans son travail augmente sa productivité, son engagement, et réduit son taux d’absentéisme.
Autre tendance qui se dessine : 10,3 % des chefs d’entreprise voient dans le travail à domicile l’opportunité de recruter des collaborateurs à distance, non disposés à quitter leur pays ou leur région. Cette réalité est d’autant plus présente dans certains secteurs victimes d’une pénurie de candidats, comme celui de l’édition/communication (20 %) et de l’IT (4 %). Le home office, une solution pour ne pas passer à côté des meilleurs talents donc ?
Enfin, notons que 6,2 % des répondants sont motivés par l’idée de réaliser des économies budgétaires : grâce au télétravail, plus besoin de locaux, ou du moins de locaux aussi spacieux.
Nous venons donc de voir que l’augmentation du bien-être au travail se hisse en première place des raisons conduisant les entreprises à adopter cette nouvelle forme d’organisation. Mais côté collaborateurs, quel est le ressenti réel ?
En tête des effets positifs perçus, nous rencontrons :
Sans surprise, le gain de temps (notamment de par la diminution des heures passées dans les transports), et donc la possibilité d’organiser plus facilement son quotidien, ses loisirs et ses contraintes personnelles, séduit les télétravailleurs.
Cependant, il est intéressant de noter que les avantages engendrés par le home office n’opèrent pas que dans la sphère privée. Rappelons, par exemple, que les contraintes liées à l’open space, comme les nuisances sonores, sont régulièrement pointées du doigt. Dans ce contexte, nous comprenons pourquoi le travail à domicile constitue pour certains un temps privilégié favorisant une meilleure efficacité.
Comme nous l’avons déjà évoqué, le télétravail, et surtout le 100 % remote, est loin d’être devenu une norme. Pour la grande majorité des participants à l’enquête, des effets négatifs se font d’ailleurs ressentir.
Parmi les principaux, nous retrouvons :
Pour 44,3 % des sondés, il s’avère donc compliqué de garder un rythme fixe et de ne pas laisser déborder sa journée de travail lorsqu’on exerce son activité de la maison.
Au sujet des autres difficultés soulignées, gardons à l’esprit qu’elles sont à corréler avec le contexte de crise dans lequel la majorité des entreprises a développé le télétravail :
Ces différentes contraintes expliquent alors en grande partie pourquoi 76,2% des répondants souhaitent trouver un équilibre entre le présentiel et le travail à distance, alors qu’ils ne sont que 15,5% à préférer le full remote.
Et les aspirations des directions abondent également dans ce sens puisque, après la crise, 48,5 % d’entre elles désirent trouver un compromis entre l’ancien et nouveau mode de fonctionnement (contre 16,5 % qui envisagent de conserver le schéma actuel).
☝️ Soulignons que l’acceptation du travail à domicile par les équipes passe en grande partie par la sollicitation de leur avis, et leur implication dans le projet.
Un des principaux freins à l’instauration du télétravail a été humain, puisqu’il a fallu expliquer la démarche du Work At Home, rassurer et former les collaborateurs à une nouvelle autonomie. Il est donc important d’expliquer les bénéfices aux salariés, de les soutenir s’ils rencontrent des soucis d’adaptation et surtout de les fédérer autour du projet.
Pourtant, selon une enquête réalisée par GetApp, 44 % des entreprises n’ont pas consulté leurs employés sur l’évolution du télétravail au sein de leur structure et leurs souhaits futurs.
D’un point de vue outils et technologies, les entreprises dans lesquelles exercent les répondants ne sont pas toutes logées à la même enseigne :
Néanmoins, la généralisation du travail à domicile a conduit la plupart des organisations à investir ces derniers mois dans de nouveaux logiciels pour augmenter leur efficacité :
Soulignons cependant que pour 31,9 % d’entre elles (chiffre plutôt imposant au regard des enjeux), rien de tel n’est apparemment prévu.
⬆️ Secteurs des répondants ayant le plus investi dans des logiciels dernièrement :
☝️ Notons que le secteur informatique/télécom/internet ne figure pas dans cette liste, car, comme vu précédemment, les entreprises concernées se situent majoritairement à un stade avancé de leur transformation digitale. Par conséquent, elles étaient déjà bien équipées en logiciels avant la crise sanitaire.
Parmi les logiciels en ligne adoptés dans les entreprises sondées, nous retrouvons majoritairement :
Nous constatons donc que les grandes gagnantes restent les solutions de communication interne et de collaboration, dont l’utilité, particulièrement en temps de crise sanitaire, n’est plus à prouver. D’ailleurs, à la question “Dans quels outils votre entreprise a-t-elle investi ?”, ZOOM et Teams se hissent en tête des réponses.
ZOOM est devenue l’application la plus téléchargée en avril 2020.
En revanche, certaines catégories de logiciels semblent s’intégrer plus timidement dans les entreprises françaises. Nous pensons notamment aux solutions de gestion de projet et/ou de tâches. Si 63,8 % des sondés l’ont adopté, est-ce suffisant au regard de tous les avantages qu’ils procurent pour pallier les problèmes d’organisation rencontrés par certains collaborateurs en télétravail ?
Interrogeons-nous aussi sur le cas des outils axés bien-être au travail, grands absents de l’enquête, alors même qu’ils constitueraient un soutien notable aux services RH dans l’accompagnement des salariés et la prévention de la baisse de moral liée à l’isolement.
Toutefois, dans son baromètre 2020 sur la transformation digitale des entreprises, Appvizer soulignait que l’intérêt suscité par les logiciels de ressources humaines (notamment pour le recrutement et l’engagement des collaborateurs) connaissait une légère progression (4 %). Les nouveaux défis engendrés par le télétravail vont-ils accélérer ce penchant ?
À cette question, nous sommes tentés de répondre par l’affirmative, compte tenu de la volonté exprimée par certaines entreprises d’aller vers plus de flexibilité et des organisations de travail davantage innovantes.
Le télétravail, qu’il soit total ou partiel, a démontré aux directions et aux collaborateurs que la flexibilité avait du bon.
Quelles sont les nouvelles tendances qui émergent en ce sens ?
Le flex office, cette organisation de l’espace de travail qui relègue le bureau individuel au rang des antiquités, émerge fortement : 33,6 % des participants recourent déjà à ce système (principalement les GE, à 65 %).
Et si nous étions tentés de croire que la cause réside en grande majorité dans le roulement des salariés imposé par les normes de distanciation sociale, la réalité est toute autre. En effet, 46,2 % des concernés travaillaient déjà en flex office avant la crise sanitaire.
Les raisons principales de cet engouement ?
Et ces bénéfices sont perceptibles par la majorité des employés, puisqu’ils sont 74,4 % à se dire favorables à cette organisation de l’espace innovante.
Peut-être trop innovante pour certains ? En effet, le flex office ne suscite pas le même emballement que le télétravail, puisque 25,6 % des répondants qui le pratiquent déclarent être contre et subir de nouvelles contraintes, parmi lesquelles :
D’ailleurs se sont les salariés de plus de 50 ans qui se montrent le moins favorables au flex office (près de 50 % des répondants), nombre qui peut s’interpréter comme une résistance plus importante au changement.
La flexibilité des horaires paraît également avoir le vent en poupe. Tout comme pour le télétravail, rappelons cependant que certaines professions restent inéluctablement soumises à une certaine rigidité.
Plus concrètement :
Et contrairement à une croyance établie, une bonne partie des dirigeants accordent leur confiance à leurs salariés, puisqu’ils sont :
Si les systèmes de pointage persistent encore (pour 25 % des sondés), force est de constater que flexibilité semble rimer avec responsabilisation des employés.
Enfin, l’enquête révèle l’émergence d’autres formes de flexibilité novatrices.
Parmi les innovations évoquées par les participants :
Si ces chiffres restent timides, ils laissent toutefois présager à quoi pourrait ressembler l’entreprise de demain. Après tout, il y a à peine dix ans de ça, combien d’entre nous envisageaient que le télétravail deviendrait un standard ?
Il a fallu un électrochoc appelé Covid-19 pour que certaines organisations prennent conscience de l’intérêt d’offrir plus de souplesse.
Mais les nouvelles aspirations des salariés (de plus en plus volatiles), la digitalisation croissante des entreprises et l’inspiration suscitée par les grosses entreprises de la Tech américaines (Facebook et Google notamment) qui tendent de plus en plus vers le 100 % remote, risquent d’accélérer la flexibilité au travail. En témoigne le virage pris par certains grands groupes, comme la Société Générale ou encore PSA, en généralisant le télétravail.
Toutefois, si certains professionnels aspirent à télétravailler à temps plein, gardons nous bien de penser que le “monde d’après” sera rempli de digital nomades dispersés aux quatre coins du globe. Au-delà des spécificités propres à chaque profession, le maintien du lien social avec ses collègues demeure primordial pour beaucoup et contribue à donner du sens à notre vie professionnelle. Au final, il est question d’équilibre, afin que salariés et dirigeants trouvent ensemble la formule gagnante, celle qui saura allier au mieux bien-être et intérêts de l’entreprise.
Enquête menée tout au long du mois de mars 2021.